Un avis scientifique éclairé sur le Covid-19

Un avis scientifique éclairé sur le Covid-19

Nous avons la chance d’avoir dans notre cercle professionnel Jean-Claude LASTMANN, Responsable des LABORATOIRES PREVENTYS, entreprise spécialisée dans le développement de tests viraux et œuvrant actuellement au développement d’un test sanguin dédié à la détection du Covid-19.

Nous avons pensé qu’il serait précieux d’avoir l’avis d’un spécialiste que nous vous livrons ci-dessous.

Bonne lecture.

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Fin 2019, une nouvelle maladie a touché la Chine. 

Provoquée par un virus inconnu, le SARS-CoV-2, il a d’abord semblé au monde entier qu’il s’agissait de la variante inattendue d’une pneumo-pathologie déjà rencontrée (syndrome respiratoire aigu sévère) 

Début janvier 2020, notre ministre de la santé déclarait que la France ne saurait être atteinte comme la Chine mais le 24 janvier, la pandémie était reconnue en France comme dans un nombre grandissant de territoires. 

A ce jour (14 avril), la pandémie a atteint 1.9 millions de malades et causé plus de 120.000 décès, dont 70% en Europe. 

En France, on dénombre 100.000 malades et 15000 décès mais l’on assiste à une stabilisation des hospitalisations et le nombre de recours en médecine générale diminue, comme c’est le cas chez SOS médecins. Dans le même temps, 28.000 personnes sont sorties guéries de l’hôpital et rentrées chez elles. 

Après un premier mois de confinement, les gouvernants viennent de décider de le proroger d’un mois supplémentaire. Une sortie progressive du confinement devrait ensuite avoir lieu mais nul ne sait encore comment. 

Dans ce contexte où la majorité attend que les décideurs prennent des positions lisibles, les inquiétudes montent un peu partout, aggravées par la cacophonie crée par leurs représentants. 

Médicalement, il reste indiscutable que la maladie COVID 19 est une véritable menace pour la population, les taux de létalité s’échelonnant entre 0.3 et 8.3% selon les pays. En réalité, dans la mesure où seules sont comptabilisées les personnes diagnostiquées positives, le taux réel de mortalité est très difficile à évaluer. 

Jour après jour, les informations s’ajoutent aux précédentes, parfois complémentaires, souvent contradictoires, exprimées par des experts « autorisés » davantage encore que par des spécialistes. 

Chacun apprend aujourd’hui à se construire un nouvel imaginaire, à visibilité réduite, entre inquiétudes et savoirs. 

Alors, que sait-on à ce jour ? 

Nul doute que cette pathologie contagieuse présente un danger pour la population mais le risque relatif est beaucoup important chez les personnes fragilisées ou souffrants de comorbidités. 

La majorité des personnes infectées souffrent de symptômes peu invalidants, une proportion non négligeable n’en présentant d’ailleurs aucun. 

Parmi les symptômes reconnus (fièvre, douleurs pharyngées, fatigue, maux de tête, toux sèche..), ce sont les troubles respiratoires qui doivent surtout alerter, en particulier s’ils s’accompagnent de douleurs et de dyspnée. 

Selon la gravité des symptômes, les médecins libéraux réorientent soit à la maison pour isoler la personne soit dans un établissement hospitalier où la prise en charge est très protocolisée. 

La transmission du virus est portée par les aérosols (postillons, toux) mais l’on ne sait toujours pas si la contamination a lieu parce que le virus reste suspendu dans l’air après la toux. On sait néanmoins avec certitude que le virus se transmet essentiellement par voie respiratoire et par contact physique. D’autre part, quand on touche des surfaces contaminées, le risque consiste à porter ses mains au visage (ce que l’on fait inconsciemment des dizaines de fois par jour) et d’être infecté par la bouche, le nez ou les yeux. En complément, des études ont montré que le virus est détectable pendant 2 à 3 jours sur les surfaces en plastique ou en acier et jusqu’à 24 heures sur du carton. 

Les traitements en cours d’expérimentations/utilisations sont :

  • L’azithromycine, antibiotique réputé et efficace dans les pneumopathies, qui présente l’avantage important de pénétrer en profondeur dans le tissu pulmonaire. Certains médecins lui ont ajouté du zinc, comme catalyseur, et/où du Singulair pour son effet anti-inflammatoire reconnu sur les tissus du parenchyme. 
  • Le tocilizumab, dont l’efficacité pour limiter le caractère excessif de l’inflammation pulmonaire est intéressante. 
  • Le sarilumab, antiviral qui réduirait la réplication du virus, dont l’efficacité a été démontrée chez l’animal dans 2 pathologies voisines (SRAS et MERS). 
  • La chloroquine, qui semble sûre et efficace lorsqu’elle est utilisée précocement. Ce médicament limiterait la contagiosité du virus et sa persistance dans l’organisme. 
  • Deux antiviraux (Remdésivir et Kaletra – ritonavir+lopinavir), actuellement testés au cours d’une étude européenne de grande envergure, dont l’intérêt repose sur leur capacité à empêcher le virus de s’adapter au code génétique du malade ou à inhiber les protéases nécessaire à la maturation du virus. 
  • Le favipiravir, antigrippal dont les essais sont en cours au Japon. 
  • Deux traitements antibiotiques (moxifloxacine et ceftriaxone) associés à l’oxygénothérapie et/ou la ventilation mécanique. 
  • La perfusion des personnes malades avec un sérum obtenu avec le plasma prélevé chez les patients guéris 
  • La thérapie passive par anticorps, dont l’objectif consiste à extraire, à isoler et à traiter des anticorps de patients infectés, avant de les injecter à d’autres patients. 

Dans le même temps, 70 projets de vaccins sont en cours dont 3 essais sur l’homme. Les plus avancés d’entre eux lanceront les essais cliniques au cours du second trimestre 2020. S’ils se révèlent concluants, les étapes du développement devraient mener jusqu’à la mise à disposition au 2ème semestre 2021. 

Le diagnostic du SARS-CoV-2 est actuellement réalisé en laboratoire par amplification moléculaire. Cette technique, dont l’objectif consiste à mettre en évidence l’ARN viral, confirme l’infection en 5 heures environ. 

Le nombre de tests disponible a longtemps été insuffisant. Il augmente maintenant de façon régulière et devrait permettre de tester tous ceux qui présentent des symptômes évocateurs. 

Les résultats obtenus par cette technique (RT-PCR) sont limités par la qualité du prélèvement nasopharyngé et par le fait que le virus peut se trouver dans les poumons et non dans la cavité nasale. On dénombre à ce jour jusqu’à 30% de faux négatifs, ce qui pose un véritable problème dans la chaine de prise en charge. 

Le dépistage de la maladie passe aussi par la réalisation de tests sanguins qui sont capables de détecter les anticorps développés par les malades pour lutter contre l’infection. 

Une véritable incompréhension subsiste aujourd’hui dans l’esprit du public pour ce qui concerne ces tests sanguins. On peut aussi déplorer le discours alarmiste et inexact de certains spécialistes qui donnent à croire que seule la biologie clinique sera capable de réponde à l’intégralité des situations. 

Les tests dits sériques sont pratiqués depuis des décennies dans les laboratoires hospitaliers et privés. Ceux que nous attendons pour mesurer le statut immunologique des personnes fonctionnent à partir de la technique d’immunoenzymologie ELISA. Elle utilise un anticorps conjugué avec une enzyme et un substrat fluorogène permettant de révéler par fluorescence. Les inconvénients de la technique tiennent à la réaction enzymatique qui dépend de la température, du PH et de l’éclairement. 

En complément, les tests immunochromatographiques utilisent des anticorps marqués pour faire apparaitre des bandes colorées en présence des anticorps produits par l’organisme infecté. Ces tests qualitatifs sont très simples à réaliser et peu onéreux. Ils fonctionnent à partir d’une seule goutte de sang total prélevé au bout du doigt. 

En résumé et pour simplifier la compréhension des méthodes de diagnostic et de dépistage, on retiendra : 

  • Que les techniques RT-PCR et immunologiques sont tout à fait complémentaires. 
  • La première identifie la présence du virus (aux limites de détection près), la seconde la présence des anticorps produits après l’entrée du virus dans l’organisme. En d’autres termes, la première indique l’infection, la seconde le degré d’immunité. 
  • La détection des anticorps est possible dès le 6ᵉ jour après avoir été infecté et tous les anticorps recherchés sont présents dans l’organisme au 14ᵉ jour. 
  • La présence des anticorps reste décelable pendant 4 à 6 mois. 

Souhaitons pour terminer : 

  • Que nos gouvernants réussiront enfin à clarifier leur vision et à en exprimer la teneur. 
  • Que les moyens, engagés trop tard, parviendront à reconstituer les stocks indispensables à la prise en charge des malades. 
  • Que le comportement de la population restera compatible avec sa protection, malgré l’allongement du confinement et l’accumulation des annonces. 
  • Que les résultats des expérimentations confirmeront l’efficacité des traitements dont l’usage permettra de limiter l’incidence de l’infection, de diminuer la gravité des symptômes et épargner des vies chez les plus fragiles. 

Auteur : Jean-Claude LASTMANN

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