Voici le second volet de notre article au sujet de la nouvelle présidence aux Etats-Unis. Nous aborderons dans cette partie quelques aspects de politique intérieure ainsi que l’évolution envisagée des relations internationales. Nous conclurons cet article en deux parties par les potentiels impacts de l’élection de Joe BIDEN pour les marchés financiers et donc pour les allocations que nous préconiserons dans les semaines à venir.
Dans le domaine du travail, Joe BIDEN souhaite la mise en place d’une politique différente de ses prédécesseurs. Joe BIDEN envisage d’augmenter les droits des travailleurs et de favoriser le développement des syndicats. L’influence de ces derniers avait tendance à fortement s’estomper depuis des dizaines d’années aux Etats-Unis et le président élu a promis de défendre les salariés américains. Plusieurs syndicats dont AFL CIO (la plus grande fédération de syndicats représentant 12,5 millions de membres) ont d’ailleurs apporté leur soutien à Joe BIDEN lors de sa campagne électorale. Les travailleurs américains attendent donc des avancées significatives quant à la retraite, la couverture santé et une évolution plus dynamique des salaires. Certains d’entre eux pensent que Donald TRUMP n’avait pas fait suffisamment avancer les choses par rapport aux promesses annoncées en 2016. Joe BIDEN souhaiterait l’instauration d’un salaire minimum de 15 dollars de l’heure et le développement d’un statut de travailleur indépendant afin de favoriser les petites structures qui représentent une part grandissante de l’activité aux USA.
Sur la scène internationale, Joe BIDEN aspire à retrouver un climat plus apaisé avec ses principaux partenaires économiques. Cette détente géopolitique devrait certainement être visible en Europe. Le futur président désire, par exemple, le retour des USA dans les accords de Paris sur le climat. Joe BIDEN souhaite également renforcer les liens avec les partenaires historiques européens qui ont parfois été malmenés par la politique de Donald TRUMP (secteur automobile en Allemagne, denrées alimentaires et produits viticoles français par exemple). Sa politique économique envers l’Europe devrait donc favoriser les échanges commerciaux entre le vieux continent et les USA.
Bien que l’expansion économique chinoise aux USA demeure un point stratégique pour les Américains, Joe BIDEN n’a pas clairement évoqué sa politique vis-à-vis de la Chine. Nous pouvons néanmoins penser que le sujet restera central mais que son approche sera moins frontale et surprenante que celle employée par Donald TRUMP.
Ces quelques paragraphes représentent un condensé de ce que pourrait être la politique de Joe BIDEN si ce dernier tenait les promesses électorales qui lui ont permis d’atteindre la Maison Blanche. Ce résumé n’est pas exhaustif mais nous permet de mettre en évidence les différences stratégiques sur certains points clefs de la politique américaine. Cette approche va donc nous permettre de discerner les secteurs et zones géographiques qui vont être impactés par la nouvelle présidence et ainsi réaliser des choix d’investissement en adéquation avec ce nouvel environnement.
Tout d’abord il est important de noter que les pics de volatilité liés à de surprenants tweets devraient être bien moindres sous la présidence de BIDEN. En effet, les marchés ont souvent été surpris lors de ces quatre dernières années par des déclarations fortes de Donald TRUMP sur les réseaux sociaux. La volonté de Joe BIDEN d’adopter une position un peu plus « centriste », notamment sur le plan des relations internationales, devrait permettre de retrouver une certaine sérénité dans les échanges commerciaux.
L’année 2020 nous a également clairement indiqué que la Chine sort plus forte de la crise sanitaire et que sa place en tant qu’acteur économique est grandement renforcée. De plus, nous savons que l’impact de la crise pour les prochaines années sera largement moins fort en Chine que dans les autres grands pays du globe. La Chine n’a pas eu à prévoir de grands plans de relance simplement car son économie ne s’est jamais vraiment arrêtée. La croissance sera donc au rendez-vous en 2020 et la situation devrait encore s’améliorer dans les mois à venir. Notre objectif sera donc de tirer profit de cette place de grand gagnant de la crise en augmentant notre exposition à ce pays. Nous élargirons aussi le spectre en investissant plus largement sur les pays émergents qui devraient connaître une croissance supérieure à celle des pays développés dans les prochaines années. La dette émergente sera également un pari que nous prendrons, plus rémunératrice et aidée par un dollar qui faiblit depuis quelques mois et dont la trajectoire ne devrait pas changer.
Le secteur de la technologie américaine ne devrait pas souffrir de la nouvelle présidence américaine. Nous suivrons simplement de près la politique de Joe BIDEN au sujet des méga-capitalisations des géants du Nasdaq car le président élu se méfie des situations dominantes de certains acteurs. Le secteur de la technologie continuera de jouer un rôle central dans les années à venir et nous pensons ne pas nous limiter aux USA pour investir sur ce secteur. La technologie dans les pays émergents et en Europe aura certainement une place importante dans nos futurs choix d’’investissement.
Le fait que les USA réintègrent les accords de Paris sur le climat devrait clairement nous inciter à investir dans la transition énergétique aux USA et en Europe. Si nous cumulons le Green Deal européen et la volonté de transition énergétique de Joe BIDEN, nous aurons un biais sur ces secteurs dans les futures allocations. Nous sommes convaincus que les sociétés européennes présentes sur ce segment auront de bonnes chances de bénéficier d’un environnement propice à leur développement… Il en va de même pour les entreprises liées au secteur des infrastructures qui devraient bénéficier de politiques accommodantes que ce soit aux USA ou en Europe. Nous suivrons donc de près ces secteurs afin de bénéficier des capitaux qui seront déployés sur ces thématiques.
Cette liste non-exhaustive d’idées d’investissements nous paraît être en adéquation avec les changements que nous percevons suite à la crise sanitaire historique que nous venons de traverser. Cette année 2020 a été marquée par de forts mouvements de marché. Cependant notre objectif est d’obtenir une image la plus fidèle possible aux changements qui semblent se mettre en place et qui dessineront le monde de demain. Une crise sanitaire historique, un monde économique à l’arrêt pendant plusieurs semaines et une élection présidentielle américaine mouvementée ont animé une année dont nous nous souviendrons longtemps. Nous espérons débuter 2021 avec de bonnes nouvelles et un retour à une vie « normale » même si quelques pions auront bougé sur l’échiquier et que l’environnement des investisseurs ne sera pas tout à fait le même. Il faudra une nouvelle fois savoir s’adapter pour tirer profit des changements à venir.
Auteurs : Florian LELONG (SEFIMA) et Romain MURAILLE (VALETYS)